Comité de Soutien à la Révolution en Inde


La lutte contre la guerre impérialiste: Lénine ou Gandhi? by CSR Inde

L’Humanité du vendredi 5 août 1932

Lénine ou Gandhi?

Comment lutter au mieux contre la guerre?
Le prolétariat suivra-t-il les directives de Lénine ou celles de Tolstoï et Gandhi? Le problème doit être posé au prochain Congrès mondial. Il est de la plus grande importance qu’il reçoive une réponse claire.
Gandhiste et tolstoïens prêchent la non-résistance à la violence; ils proclament que la violence cèdera toute seule et d’elle-même devant la passivité des victimes.
Cette doctrine est logiquement liée à l’idée du retour vers la vie simple de l’époque pré-capitaliste, à l’idée de la destruction des machines, au rétablissement du rouet et d’un artisanat primitif. À la condition que l’humanité accepte cette régression radicale, elle retrouvera la paix, affirme Gandhi, car la paix dépend de la pureté des mœurs des hommes ayant renoncé aux besoins modernes!
Afficher l'image d'origineOutre qu’un pareil recul est en soi impossible, il n’est pas douteux que la tactique de non-violence du gandhisme favorise au mieux les buts de l’impérialisme. Pendant qu’il laisse ou qu’il fait répandre ces idées de répudiation de la violence, l’impérialisme, en effet, pousse au maximum ses moyens de domination; il alourdit les chaînes des peuples et des classes qu’il asservis; il les écrase d’autant plus aisément qu’il les a désarmés.
C’est ainsi que de petites minorités supérieurement armées viennent à bout de masses immenses d’hommes désarmés. C’est ainsi que les Indes et leurs 300 millions d’habitants subissent le joug des Britanniques qui les exploitent, qui les maintiennent dans l’esclavage et la famine. Il leur suffit pour cela, de quelques dizaines de mille de policiers et de soldats mercenaires pourvus de mitrailleuses et des avions de bombardement les plus terrifiants. C’est ainsi que le Japon, après s’être armé à la moderne, a vaincu la Chine pacifique et artisanale. Mais la Chine s’arme vigoureusement pour chasser ses dominateurs.

Cette histoire n’est pas neuve. Elle est celle de toutes les conquêtes du passé, de tous les asservissements des faibles résignés par les rapaces audacieux. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les classes au pouvoir usent de la force seule pour assurer leur domination, pendant qu’elles font enseigner par leurs prêtres et leurs porte-parole les idées de résignation et de non-violence à leurs violences. Lorsque les impérialismes décident d’envahir et d’annexer un pays, ils y envoient leurs armées qui commencent par s’en emparer par le fer et par le feu, par l’assassinat en masse et par le pillage; puis arrivent les missionnaires avec leur évangile de passivité qui apprennent aux vaincus qu’il faut « rendre à César ce qui est à César ».
Il n’en va pas autrement à l’intérieur des groupes nationaus de l’impérialisme où la lutte des classes est la règle et la loi. Là aussi un prolétariat désarmé est soumis à l’exploitation des minorités qui ont dressé pour leur défense des mercenaires armés jusqu’au dents. En France, lorsque les prolétaires inéduqués et résignés ne menaçaient pas le pouvoir, celui-ci lui laissait en mains des armes. Mais lorsque les ouvriers parisiens les eurent levés contre leurs oppresseurs en 71, la bourgeoisie épouvantée s’empressa de décréter que, pour la classe exploitée, le port d’armes était un délit puni par la loi. En ce moment-même, à Berlin et dans toute l’Allemagne, un décret-loi permet de fusiller séance tenante un ouvrier trouvé porteur d’un revolver. Au contraire, il est prescrit aux policiers et à la Reichswehr de se servir de leurs armes fermement et impitoyablement.Gandhi
C’est cela la vie, la réalité. Malheur aux prolétaires s’ils se détournent des leçons qu’elles leur imposent! Dans le régime présent, il n’est pas d’autre issue que la force. Si une nation ou une classe ne veut pas la subir, elles doivent y répondre par une force supérieure. Leur laisser croire ou leur enseigner que la force et la violence de l’ennemi se dissoudront d’elles-mêmes, s’useront toutes seules et se retourneront naturellement contre ceux qui s’en servent, il n’est pas de pire illusion ou de plus néfaste duperie! Lire la suite



L’Inde en révolution – Extrait des cahiers du bolchévisme juin 1930 by CSR Inde

(Matériaux d’information)

L’Inde est aujourd’hui le foyer de la lutte émancipatrice des centaines de millions d’esclaves coloniaux qui sont asservis et exploités par l’impérialisme britannique.

Le mouvement d’émancipation nationale s’est développé avec une extrême rapidité. De mouvement constitutionnel dirigé par la petite-bourgeoisie, il est devenu un mouvement révolutionnaire de masse dirigé par les ouvriers. Sous la pression de plus en plus forte de l’exploitation impérialiste et en dépit de la politique des dirigeants bourgeois qui tendent à un compromis avec l’impérialisme, les masses hindoues, sous la direction des ouvriers industriels, passent à la révolte ouverte pour conquérir de haute lutte leur libération nationale et sociale.

L’exploitation impérialiste dans l’Inde

L’Inde, avec sa superficie de 4.620.000 kilomètres carrés et ses 325 millions d’habitants, occupe une place à part dans l’Empire mondial britannique. Elle est le pilier de la puissance anglaise. Sur 4 sujets de l’Empire, 3 sont Hindous. La Conquête du marché de l’Inde a fourni au développement industriel britannique, une base de premier ordre. Un milliard de livres sterling a été investi par l’Angleterre dans l’Inde. C’est en grande partie grâce aux profits réalisés dans cette contrée que la bourgeoisie du Royaume-Uni a corrompu la couche supérieure de la classe ouvrière anglaise qui fournit les cadres du labourisme.

La misère des travailleurs hindous est immense. Une enquête des Trade Unions effectuée il y a un an et demi, les conclusions de plusieurs rapports parlementaires sur la situation dans l’Inde, les statistiques de la Fédération internationale textile, permettent d’établir le bilan de la domination anglaise et de ses conséquences sur la situation des ouvriers hindous.

Voici le tableau comparé de la consommation moyenne d’un ouvrier de Bombay et d’un délinquant emprisonné:

L’ouvrier absorbe 1 liv. 29 de pain et de farine, le détenu   1,50

  • — 0,03 de bœuf et de mouton            —        0,04
  • — 1,54 de consommation totale         —        1,8

Les pensionnaires des prisons vivent moins misérablement que les libres sujets de S.M. britannique!

Le salaire mensuel d’un coolie dans les plantations de thé est de 7 à 15 roupies (1 roupie = 1 shilling 6 pence, environ 9 fr. 50).

Pour être embauché, l’ouvrier hindou doit promettre au recruteur un pot de vin. Une fois embauché, il est soumis à toutes sortes d’amendes. Si pour payer son loyer et ses impôts il emprunte, il devient la proie des usuriers.

La main-d’œuvre féminine joue un rôle considérable. Sur 747.661 ouvriers employés dans les plantations de thé, il y a 362.825 femmes contre 384.836 hommes. Viennent ensuite par ordre d’importance : l’industrie cotonnière, les mines, l’industrie du jute. Des femmes et des enfants de 13 ans sont employés dans le travail au fond des mines.

Les familles ouvrières vivent dans des conditions de logement effroyables. L’opium fait dans la population laborieuse des ravages effroyables. 98 % des enfants des ouvriers industriels absorbent de l’opium que leur donnent leurs mères pour les faire dormir pendant les heures de travail. Il meurt chaque année, à Bombay, dans leur première année, 372 bébés sur 1.000 naissances vivantes.

La durée moyenne de la vie dans l’Inde est tombée de 32 ans en 1870 à 22 ans en 1921.

L’Angleterre entretient dans l’Inde les querelles religieuses. Dresser les hindous contre les musulmans dans des guerres meurtrières a été depuis des siècles la tactique des représentants de l’impérialisme britannique dans l’Inde. Il y a un an à peine, le vice-roi lord Irwin recruta dans sa police des musulmans Patans. Puis il fit répandre le bruit que les musulmans dérobaient des enfants pour les sacrifices rituels. Il fit même dérober, effectivement, de petits Hindous. Ce fut dans la population hindoue une explosion de colère. Des batailles sauvages commencèrent. Le vice-roi les prolongea à dessein pendant plusieurs jours. Après quoi, il imposa son arbitrage sur les cadavres.

L’histoire de la domination britannique Lire la suite




%d blogueurs aiment cette page :